Mecanisation forestiere - Nouveau Pm Trac 300 ch de polyvalence

Nous l’avions découvert en Bavière en avant-première à l’été 2021 à sa sortie d’atelier chez Pfanzelt (voir jMF n°216) et il nous tardait de pouvoir le retrouver en forêt en France. Désormais déclinée en trois motorisations, 205, 253 ou 2952 ch, la dernière génération du tracteur forestier de Pfanzelt semble aujourd’hui très aboutie. Dans le Doubs près de Pontarlier, Thomas Clouet jeune entrepreneur de travaux forestiers, s’est laissé séduire par le concept Pfanzelt dont il espère tirer une grande polyvalence.

Une multiactivité forestiere

Lui--même fils de sylviculteur, Thomas Coulet a suivi les pas de son père tout en construisant sa propre indépendance. Bp de sylviculture en poche, en 2013 à 20 ans, il part faire sa première expérience durant six mois sur l’île de la Réunion où il travaille pour une grosse entreprise spécialisée dans le génie végétal. Il y pratique des travaux d'entretien et de plantations sur des chantiers très spécifiques : « Il pouvait y avoir jusqu'à 2 h de marche avant d'accéder aux parcelles où l'on plantait des cryptomerias et autres essences locales. » En rentrant, il est démangé par l’envie de se mettre à son compte. Il commence cependant par travailler pour son père pendant deux ans, le temps de mûrir son projet avant de s'installer personnellement en 2016 comme gestionnaire forestier dans un premier temps. Rapidement, il a beaucoup de travail auprès de propriétaires privés et doit embaucher une personne pour l'aider. Cela lui libère du temps et il achète un broyeur forestier Plaisance qu'il installe sur un tracteur Valtra à poste de conduite inversé. Il entreprend alors différents travaux de cloisonnements, de préparation de plantations, tout en travaillantparfois en sous-traitance pour son père. Répondant à des sollicitations multiples et variées, le jeune homme décide alors de diviser ses différentes activités sous des entités juridiques différentes. C'est ainsi qu'aujourd'hui quelques années plus tard, il est à la tête de pas moins de trois sociétés. Ctf, Coulet Travaux Forestiers, comprend à ce jour une quinzaine de salariés. C'est l'entreprise principale qui effectue des travaux d'aménagement naturel et de sylviculture comprenant outre la préparation de sols et la sylviculture des prestations d’abattage, d'élagage et d’entretien. Cette première entité produisant beaucoup de déchets de coupe et de rémanents, pour les valoriser Thomas a créé une seconde société, Ct Bioénergie qui les transforme en bois de chauffage et plaquettes forestières pour les redistribuer en France et en Suisse. Enfin, plus récemment, notre entrepreneur dynamique a décidé de s'associer avec ses parents dans une nouvelle entreprise consacrée à la gestion forestière, concrétisant ainsi son projet initial. On peut donc quasiment parler d’un « groupe Coulet », une manière de clarifier les choses pour ses clients en spécialisant les structures, estime Thomas.

Un poids plume suréquipé

En termes d'équipements, pour conduire ces différentes activités, l'entreprise est déjà bien dotée. Outre le tracteur Valtra, Thomas a acquis deux autres broyeurs. Pour travailler entre les lignes des plantations, il utilise un petit tracteur de vigne Lamborghini à poste de conduite inversé avec un broyeur de 1 m 80 de large. Pour le broyage en plein et des travaux plus conséquents, tels que des ouvertures de cloisonnements, il s'est équipé d'un puissant porte-outil Tre Emme 350 qu’il met en œuvre avec un gros broyeur forestier Fae. Des pelles de 8 et 14 tonnes sont dédiées à la préparation de plantations pour réaliser des potets, et pour les travaux purement forestiers de débardage un skiddeur John Deere 540 G3 est mobilisé. Le nouvel ensemble Pfanzelt vient donc compléter ces matériels, avec dans l'esprit de Thomas un projet de mutualisation d'emploi sur ces différentes activités forestières. Il pense aussi l'utiliser particulièrement sur des chantiers dont le caractère écologique ou environnemental est prédominant. Il a en effet remarqué qu'on lui demandait de plus en plus d'intervenir dans des tourbières de zones Natura 2000, ou encore sur les ripisylves le long des rivières où on le sollicite fréquemment pour nettoyer les berges et prévenir les embâcles. C'est vrai qu'il faut reconnaître que pour un poids total de 11,5 t, grue comprise, le Pm Trac est sacrément équipé. Et on tombe à 9 t sans la grue qui se dépose relativement aisément, sans outils, grâce au support d’attache rapide Psa situé directement au-dessus de l'essieu arrière pour optimiser la charge et le centre de gravité du tracteur. Pour Thomas, cette faculté est un gros avantage. Il pense par exemple à des opérations de treuillage d’arbres penchant dangereusement sur les bords de rivière. Sans grue, l’impact au sol sera encore réduit.

La base du Pm Trac, que nous avons déjà présentée dans nos colonnes, est celle d'une vraie machine forestière. Pour ceux qui verraient encore dans le Pm Trac un simple tracteur agricole adapté, soulignons que c’est une construction 100%, Pfanzelt qui comprend son propre châssis porteur avec quatre espaces de montage et de raccordement polyvalents destinés à porter une grande variété d’outils jusqu’aux plus lourds. Il propose une garde au sol importante qui le rend apte à évoluer dans des environnements forestiers accidentés. La cabine, nativement forestière, répond aux normes Rops, Fops et Ops et des protections sont présentes sur le toit, le capot et l’intégralité du châssis.

Cette toute dernière génération du Pm trac s'est encore vue dotée de nouvelles améliorations. Les options de puissance de motorisation offertes par le moteur Isuzu 6 cylindres 7,4 l atteignent désormais les 292 ch. Un surcroît de puissance intéressant qui va permettre d'étendre les capacités de la machine. Et visiblement, c'était attendu par les clients. Stéphane Pruniaux, responsable commercial France chez Pfanzelt, nous indique qu’en effet, sur cinq tracteurs de nouvelle génération déjà vendus en France, trois l'ont été en 292 ch. La transmission, elle aussi, a changé. Alors que le constructeur équipait jusqu'à présent ces machines d'une boîte Zf, il a depuis décidé de développer sa propre transmission. Nommée Variadrive, il s'agit d'une transmission à variation continue avec une fonction de régulateur de vitesse, trois plages de conduite en marche avant et deux en marche arrière. L’inversion du sens de la marche s'effectue plus rapidement et de manière plus souple comme pour une transmission hydrostatique pure. Cela offre ainsi la possibilité de se déplacer rapidement dans les deux sens, sans point neutre, et permet au tracteur d'atteindre la vitesse de 50 km/h autorisée sur route en Allemagne. Le look du Pm trac a également été retravaillé avec un résultat du plus bel effet, même si cela reste subjectif.

Un ensemble 8x8 avec la remorque L19

Dans cette configuration, le Pm Trac autorise de nombreuses options de montages d’outils. À commencer par des grues issues du catalogue du constructeur. Le choix est notamment donné entre des modèles montés sur une colonne de grue basse pour le débardage, ou sur une colonne plus haute pour permettre aussi le chargement d'une remorque forestière. Différentes catégories de levage sont également proposées de 5 à 7 t/m, avec des portées allant jusqu'à 10 m. Pour Thomas, le choix s’est porté sur un modèle Pm Kran 7192, une 7 t/m donc, à la portée de 9,20 m. Les treuils ensuite, cœur de métier de Pfanzelt, fort réputés pour leur qualité de conception. Monté sous la grue au-dessus de l'essieu arrière, se trouve une unité à double tambour doté d'une force de traction de 2x8 t. Chaque bobine dispose d'une capacité de câble de 150 m un embrayage multidisque à garniture frittée assure une grande précision de freinage et d'accouplement. La commande du treuil peut s'effectuer aussi bien de la cabine que de l'extérieur avec une radiocommande. Pour le compléter, et afin d'être paré à toute sorte de situations, Thomas a également choisi de faire équiper son tracteur d'un treuil de halage à l'avant. Celui-ci pourra aussi bien être utilisé pour se dégager d'une mauvaise passe, pour se tirer dans une pente même si ce n'est pas sa vocation première, ou encore pour débusquer des bois lorsque la remorque forestière est attelée et qu'il est compliqué d'utiliser le double treuil arrière.

Car, outre le tracteur, Thomas a également investi dans une remorque forestière Pfanzelt. Là encore le jeune homme n'a pas lésiné en choisissant tout simplement le modèle le plus capacitif proposé par le constructeur. La remorque Logline L19, 19 désignant le Ptac en tonnes, est construite autour d'un solide châssis monopoutre de 350 x 250 mm de section dans du métal de 8 mm d’épaisseur. Destinée à être attelée sur le Pm Trac, la remorque de Thomas a été livrée sans grue. Par contre, prudent, le jeune entrepreneur a opté pour un solide entraînement. Le constructeur propose effectivement son système Powerdrive, qui assure un entraînement hydraulique au niveau du moyeu des roues. Il est possible d'en disposer sur deux ou quatre roues. C'est cette dernière solution qu'a choisie Thomas pour obtenir une traction par 8 roues motrices en combinaison avec le tracteur. On garde bien sûr la possibilité de débrayer les 4 essieux pour laisser tourner les roues librement, sur la route notamment. Il est également possible de n'activer la motricité que sur deux roues quand cela suffit. Cela divise la puissance de traction de la remorque par deux, mais l'on roule plus vite. La capacité de charge utile effective sur chantier de la remorque L19 est de 17 t, ce qui lui confère en 8x8 la possibilité d'atteindre des rendements se rapprochant de ceux d'un porteur forestier tout en conservant de nombreuses autres possibilités d'utilisation. Le panier est extensible, en longueur pour atteindre 6 m, et en largeur de 15 cm de chaque côté ce qui peut être bien utile pour débarder le bois-énergie en optimisant ainsi le chargement. Enfin, compatible avec le tracteur, la vitesse d'entraînement de la remorque attelée est entièrement automatique, réglée par le Pm trac.

Une maintenance de proximité

Travaux forestiers, chantiers d'élagage et prestations environnementales, c'est pour pouvoir intervenir dans toutes ces situations que Thomas a fait le choix de cet ensemble polyvalent. Avec un tracteur confortable et rapide sur route, les transferts ne poseront pas non plus de problème. Ce côté innovant et polyvalent, Thomas compte d'ailleurs bien l'exploiter en tant que plus-value sur les appels d'offres auxquels il répond. « Il vaut toujours mieux jouer le plus que le moins », explique-t-il. Ceci d'autant plus que la modularité du montage des équipements lui permet de choisir ceux qu'il veut mobiliser. C'est sur une parcelle lui appartenant que Thomas a souhaité nous montrer les capacités de son nouvel ensemble. Passionné de forêt, il a en effet acquis 25 ha de bois longés sur 600 m par une rivière et peuplés d'un mélange d'essences avec de gros sapins, beaucoup de hêtres, mais aussi des érables sycomores et un quelques chênes. C'est un peu son jardin secret qu'il entretient sur son temps libre. Sur place, il a pu nous montrer toute la pertinence de la machine, treuillant quelques arbres tombés à l'eau pour les rapprocher de la grue et les charger dans la remorque. Sans possibilité de se retourner sur la piste étroite, il s'est vu contraint de remonter une portion fort pentue de la piste en marche arrière, jouant tout autant sur la direction que sur le timon orientable de la remorque. Cela nous a permis de constater l'efficacité de la traction en 8 roues motrices, mais surtout la manœuvrabilité de l'ensemble. Thomas cherche à présent un opérateur pour mener le tracteur. Ce n’est pas chose aisée, mais il ne regrette pas pour autant d'avoir commandé ce nouveau matériel avant les augmentations dues à la conjoncture. « Avec le Pm Trac, je ne prends aucun risque, déclare-t-il confiant. Vu les capacités de la machine en débardage, au grutage, voire en broyage, on ne va pas manquer de boulot ! » Et pour la maintenance, il peut compter sur les établissements Coste, revendeur Pfanzelt sur son secteur. Fabien Aymonnier, commercial chez Coste, explique qu'en effet les clients peuvent compter sur 8 sites de proximité répartis dans le Doubs et le Jura. Ils y suivent déjà des Félix, d’autres Pm trac, et un certain nombre de treuils 3 points. « Dans la région, explique-t-il, il y a une grosse culture du bois d'œuvre, on a de beaux sapins et les clients n'hésitent pas à choisir un treuil haut de gamme pour travailler. » Sinon, pour ceux qui se demanderaient pourquoi l'ensemble de Thomas est de couleur blanche et ne revêt pas la robe gris et bleu traditionnelle de la marque, la raison est toute simple. C'est surtout pour les chantiers à fort caractère écologique, où il est demandé au prestataire de bien nettoyer sa machine avant les travaux pour éviter toute dissémination de plantes invasives. « En blanc, souligne judicieusement Thomas, quand la machine est propre cela se voit ! » Décidément, le jeune entrepreneur pense à tout. Il saura certainement faire une utilisation pertinente de ce nouvel outil de travail tel qu’il l’a configuré. Un véritable couteau suisse qui décidément offre de nombreuses possibilités de débouchés.

 

mecaforest.com

 

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